jeudi 8 décembre 2011

Sous les feuilles d'un chène


Samedi 5 août 2006
SOUS LES FEUILLES D'UN CHÊNE...
 
L'expérience du BBQ sur le balcon d'en avant, au second, sous les faux-féviers, m'avait convaincu d'une chose : le plein-air fait toute la différence!  Car l'enfermement tue.  D'ailleurs, Riopelle, Jean-Paul, qui était fort des poumons, l'a déjà dit : le Québec est aussi renfermé que l'Albanie! 
 
Or, le nul épais, le sans dessein impatient, colérique, le désemparé de la casserole, le déprimé stressé de la cuisine que je suis devait ainsi se transfigurer, sortir les deux pieds du plat, prendre le contrôle de l'agenda et se révéler un as de la côtelette juteuse, saisie à point, parfaitement cancérigène, rien n'est parfait chers puristes.
 
Je dois vous confier qu'il y a chez nous une forte tradition de la pédagogie avancée, moderne, réformiste qui ne fut pas trop endeuillée par la disparition du Frère Un Tel, au sens où ce dernier, je ne le dis pas méchamment, a bien vécu et usé sa soutane jusqu'au pignon rouge orthodoxe de la bonne grosse vieille Presse.  On lui devrait le tronc commun des cours de philo au CÉGEP?  Eh! bien, ce grand frère aura changé ma vie.  Merci aussi à Mgr Parent et à Gérin-Lajoie qui ont bien fait leur commission! 
 
Bref!  Je reviens à mes oignons et à la pédagogie appliquée...  Un transfert de connaissance était donc envisageable : si, en effet, le plein de pouces de la mitaine calcinée du four s'était converti à l'art culinaire bronzé, braisé ou en cocotte par le simple fait qu'un ciel grand ouvert pouvait transporter à l'infini la fumée des offrandes alimentaires du petit jour, à tout le moins jusque chez le voisin d'à côté, un Africain très timide qui ne sort jamais, pourquoi, madame Blancheville, n'en serait-il pas de même pour la lessive?  Hein?  Et je ne parle pas ici du lavage des cerveaux : les journaux de la maudite machine accomplissent déjà très bien cette tâche quotidienne sans qu'il soit opportun de s'en mêler.
  
Non.  Je parle de ce domaine qui est très à gogo dans notre foyer, surtout chez ma grande fille, beaucoup trop occupée comme tous les jeunes de son âge.  Sa chambre est très typique.  Je ne vous la décrirai pas.  C'est bouleversant.  Que voulez-vous?  Le Frère Un Tel ne s'est pas fendu le derrière pour conserver au programme les cours d'économie familiale...   La pensée c'est beau, mais l'action dans le small, dans le beautiful, bout de ciarge!  Tous cas, il y a belle lurette que les lundis ne servent plus à rien au Québec!
 
Voilà : le diable à sa patte,  j'ai résolu de prendre les taureaux blancs par les raies glissantes de la réalité!   Allons, ouste!  Dewors les mastodontes, les tordeurs, les reliques chromées de l'american way of live!  Allez rejoindre la voix infinie des tondeuses des alentours, la chorale des filtreurs à piscine, les coups d'archet des scies et des ça, les jappeux fatiguants de la ruelle, les litanies de la madame italienne, les chicanes du vieux garçon d'en face avec ses plantes, la radio plate en anglais  trop forte de l'autre petite voisine à qui je pardonne tout à cause de ses bikinis...  
 
Cet été, oui mes amis, nous lavons notre linge sale en famille, toutes voiles dehors, dans la cour, près de la piscine qui peut servir, c'est pratique, pour les lavages délicats!   
 
 
C'est champêtre.  C'est plaisant, comme dirait le Frère du lac St-Jean.  Ça fait du bien de revenir aux sources.  C'est révolutionaire mais c'est tranquille.  Au coeur de la ville.  Et ma fille plonge dans l'aventure.  C'est extraordinaire!   
 
 
Voyez : j'ai soigneusement planté le décor sous un chêne. 
 
 
Sous les feuilles d'un chêne, on se sèche et on se cherche...  C'est de la philo engagée, ça, mon frère.
 
Perdrerais-je ma peine?  Perdrerais-je mon temps?  

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