jeudi 17 novembre 2011

Mon équipe de ô quai

Mardi 18 octobre 2005
À L'AFFICHE : MON ÉQUIPE DE Ô QUAI
 
Je suis attaché à cette veille affiche de la moins célèbre des Nuits de la poésie, celle de 1991... Le hasard a d'abord voulu ce soir-là que je sois assis aux côtés de Pierre Perrault et de sa compagne. C'était déjà ouf! pour le groupie que je suis. Puis, en ouverture de la soirée, Marie-Claire Blais, lumineuse, a lu un texte pacifiste - nous sommes le 15 mars 1991 et c'était l'Irak prise 1, n'est-ce pas?! Plus tard, comme sur un trottoir à faire rougir Aristote, Josée Yvon, magnifique cowgirl chambranlante, est venue clouer ses poèmes de soie avec ses hautes bottes, mais elle fut éjectée de la scène parce qu'elle dépassait le temps alloué, cinéma oblige! Idem pour Janou St-Denis qui rua de sa voix rauque. Badibadagne! Juste avant l'intermission, le collectif Gaz Moutarde prit d'assaut la scène et réclama la liberté de la poésie dès cette nuit même! Perrault ne revint pas à la seconde partie. Qui a vu le film que l'on tournait comme ce fut le cas en 1970 et en 1981? Et pourquoi, M. Labrecque, n'y a-t-il pas eu de Nuit de la Poésie en 2000? Pourtant, cette nuit-là, Denis Vanier décocha des flèches tatouées pour l'éternité dans nos mémoires. Et la bonne humeur revint tout à fait après l'intervention très applaudie de Patrice Desbiens qui a su choisir des mots simples en l'honneur de son ami Gilbert Langevin. Alors, la poésie a pu reprendre son coeur d'oiseau. La frêle Geneviève Amyot vint à son tour, je ne sais quand, allumer intensivement un incendie en direct avec une si douloureuse complainte, une offrande, une soeur mourante qu'elle cherchait, je crois... Quel beau texte récité mieux qu'une tragédienne! Je n'ai jamais revu cette femme que j'ai aimée tout de go. Passé minuit, les jolis mots tissés en grappes de Denise Desaultels profitaient de l'écho pour me suivre déformés en musique, ils glougloutaient jusqu'à la toilette des hommes, loin dans l'irréel de ma tête, mademoiselle, pourtant un seul étage plus bas que la salle Marie-Gérin-Lajoie...
 
Il y a encore bien d'autres noms qui chauffaient dans la nuit et que l'on trouve sur l'affiche: Alonzo, Beausoleil, Brault, Boucher, Chamberland, Charron, Garneau, Lalonde, Giguère, Haeffeley, Jacob, Lapointe, Malenfant, Miron, Piché, Pilon, Roy, Michel Van Schendel...
 
Comme un bateau qui sort par l'horizon, quand il en part un, cela fait un trou au bas de l'affiche ou plutôt, le nom reste avec un grain de pierre sur les lettres.  Je me recueille alors et mes pensées les meilleures se tournent vers cette belle grappe de poètes, porteurs provisoires, humains, trop humains, de mots, de vie et d'aviron. 
 
Pour dire comme Michel Garneau, ce n'est pas tant les poètes en eux-mêmes qui m'intéressent que la poésie qu'ils font et qui nous mène en haut. Vers l'absence...
 
N'empêche, c'est une sapré bonne équipe de Ô quai, n'est-ce pas?  Il faut la voir à l'oeuvre.
 
Photo jd.

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